HOPE S01 EP05

Kevin « dis donc regardez la bagaude, elle saute comme un cabri ! »

Sonia « je ne connaissais pas cet effet là à ta boisson Kader »

Puis Cécile la bagaude s’effondra comme une masse

« aaahhh…. du poison … »

La deuxième bagaude, Emma, se retourna vers Kader

« c’est donc un piège, vous nous empoisonnez ! »

Kader « Du calme, si c’était le cas, nous serions aussi empoisonnés vu que l’on a bu la même bouteille »

Emma la bagaude « J’espère bien. Je vous préviens qu’on a la puissance de feu d’un croiseur et des arbalètes de concours »

Sonia « Elle a l’estomac fragile la pauvre, à force de ne pas manger de légumes »

Kevin « Faudrait appeler la Mère Angèle, elle a toujours deux trois potions sous le coude à cet effet »

Kader « Mouais bonne idée ça. Ce serait bête de créer un incident diplomatique pour une petite risette de vitriol »

Sonia « Tu parles d’un vitriol; pour le prochain coup tu t’abstiendras ! »

—-

La Mère Angèle n’avait pas été d’humeur à se joindre aux autres. La journée avait déjà été assez riche en rebondissement et même si elle comprenait parfaitement la nécessité de coopérer avec les Bagaudes, elle n’avait pas la moindre envie de partager un repas avec eux. Quitte à passer la soirée avec quelqu’un elle préférait que ce soit avec quelqu’un qui la fasse se sentir bien et c’était justement pour cela qu’elle avait demandé à Andréa de la rejoindre pour la soirée. Andréa était plus âgée qu’elle d’une dizaine d’année environs, elle ne lui avait jamais demandé son âge et elle s’en fichait d’ailleurs. Ce qu’elle aimait chez Andréa c’était le plaisir qu’elle lui procurait lors des moments qu’elles passaient ensemble et surtout le fait qu’elle ne s’imposait jamais à elle. La Mère Angèle lui demandait simplement et si Andréa en avait envie elle la rejoignait. Tout simplement. Cela se passait généralement assez simplement avec les femmes sur ce point d’ailleurs. Les hommes avaient plus tendance à vouloir la posséder, même si ce n’était pas une généralité. Certains savaient se satisfaire des moments qu’elle avait envie de passer avec eux. D’autres en voulaient plus. Dans d’autres communautés cela lui aurait sans doute attiré quelques problèmes avec le temps. Mais au Rocher les gens l’acceptaient même si elle se doutait bien que certains jugeaient son comportement comme étrange.

Après leurs ébats Andréa s’était endormie assez rapidement, elle en avait profité pour se blottir contre elle et profiter douceur de son corps nue. Elle était elle-même sur le point de se laisser aller au sommeil lorsque l’on tambourina à sa porte. De l’autre côté du panneau de bois, elle entendit Kévin beugler.

« Shaaaayna ! A besoin d’toiii ! Les Bagaudes vooont pas bien du tout là ! Wow çaaa tourne ! »

Puis quelques instants plus tard.

« Shaaaaayna alleeeeez! »

Puis plus rien si ce n’était le bruit de Kévin s’affalant lourdement sur la porte. La Mère Angèle soupira sans pour autant sortir du lit. Elle avait envie qu’on la laisse tranquille juste maintenant. Elle n’avait pas envie de se forcer à se rhabiller ni de faire quoique ce soit d’autres que de profiter de la compagnie d’Andréa que tout ce boucan avait réveillée.

« Tu devrais y aller Shayna. », murmura-t-elle tout en caressant la poitrine de cette dernière

« Hm »

« Va-y. Je serais toujours là à ton retour. »

Elle embrassa tendrement la Mère Angèle avant d’ajouter.

« Si tu y vas, j’aurais un petit quelque chose pour toi à ton retour. »

Ce fut suffisant pour que Shayna se décide à sortir du lit. Une fois dehors elle trouva un Kévin qui dormait à point fermé contre sa porte d’entrée et ce avec un petit filet de bave aux lèvres. Elle le réveilla sans ménagement.

« Putain Kévin mais t’es complètement bourré ! Il se passe quoi encore ?»

—-

Lorsque Mère Angèle parvint à la salle commune, elle fut d’abord saisie par l’odeur de vomi et d’alcool.

Paul était debout et scrutait chacun des présents, son regard avait retrouvé sa lueur sauvage et accusatrice.

– Celle-là, elle est morte

Mère Angèle crut qu’elle avait mal compris, mais effectivement quand elle put voir le corps de la Bagaude, entouré de Malone et Phil, elle comprit que c’était mal embouché.

Oh Andréa comme j’aimerai me lover contre tes tétons plutôt que de me taper le sale boulot.

La fille était pâle, Mère Angèle chercha son pouls plus par acquis de conscience, elle se doutait bien que les autres ne l’avaient pas attendu pour le vérifier. Elle testa également les réflexes, mais de toute façon elle, pas plus que Sonia d’ailleurs n’étaient médecins. Il était clair cependant que la Bagaude n’était plus de ce monde…

– Et l’autre ?

– L’autre on l’a mise dehors, qu’elle respire l’air frais, elle est restée consciente.

– Parlez lui, il ne faut pas qu’elle s’endorme

– On la fait vomir ?

– Surtout pas !

 Sonia était revenue dans la course

– T’étais où ?

– Je suis passé à l’infirmerie. Vous pouvez la faire boire. De l’eau hein…

– Sauve la, Shayna…Sinon c’est la guerre

Voilà opina Mère Angèle, comme ça ça me met pas de pression. Puis après réflexion : Il faudrait que je sache ce qui l’a empoisonné ?

Paul avait scanné Kader, qui n’en menait pas large

– Paul tu crois tout de même pas

– Tout ce que je sais c’est qu’il y a ici quelqu’un qui en veut aux négociations…ça ne peut pas être une réaction exceptionnelle puisque ça a touché les deux Bagaudes et personne d’autre…

Et pourquoi pas moi ? Vous allez faire quoi de moi ?

– Allons Paul on ne sait rien

La mère Angèle fit signe à Kader de l’accompagner rejoindre la deuxième Bagaude, on lui dit qu’elle s’appelait Émma, qu’elle avait cessé de respirer un temps mais que Phil lui avait administré la RCR (bouche à bouche ).

Ce qui l’innocente ne pût s’empêcher de penser Mère Angèle, et qui sourit à cette pensée.

Les deux personnes avec qui elle partageait plus que du plantain avaient- des alibis solides, André était avec elle, et Phil s’était lancé dans une bouche à bouche qui aurait pu lui coûter la vie…

–              Et il va bien ?

– Oui ça va, mais je sais pas où il est

Mère Angèle se tourna vers Sonia qu’elle trouva étrangement calme…

– Sonia il nous faut

– De l’antihistaminique oui je sais

-Tu sais…mais…

Pas besoin d’achever cette phrase, pour l’instant elles étaient deux à savoir que Sonia s’interrogeait sur la pertinence de donner la toute dernière dose d’antihistaminique du Rocher à une Bagaude

-Kader est-ce que tu en as…de la loratadine , actifed, Atarx, n’importe quoi

– Non ça s’échange à prix d’or

– Kader ?

– Non j’te jure

– Là aussi impossible de savoir si comme Sonia, il avait sa réserve personnelle

– Alors du thé,

– C’est pas l’heure

– Arrête ça va être la sienne si tu te bouges pas, va faire chauffer de l’eau et trouvez-moi du thé, et de la spiruline,fissa…Et Kader…j’ai besoin de savoir ce qu’il y avait dans ta bouteille, c’est peut-être un accident, un truc que les bagaudes auraient dans leur système, qui leur aurait fait ce choc anaphylactique

– Une allergie ?

– C’est possible, il suffit que l’alcool ait provoqué une réaction avec quelque chose qu’on leur aurait fait manger avant…

Et ça se dit Mère Angèle, on le saura si je parviens à sauver cette fille, nul doute qu’elle se rappellera…

-Kader

-Oui ?

– Qui était assis à côté des filles ?

– à côté d’Emma, c’était Paul, et de l’autre…Je ne me souviens plus

Tandis qu’il partait chercher le thé, elle fouilla dans son sac, il fallait qu’elle échange avec Sonia avant de leur faire ingérer quoi que ce soit, n’importe quoi pouvait se révéler potentiellement explosif.

Tout aussi explosif que l’ambiance qui régnait dans la salle commune

Paul continuait de faire face à une dizaine de Hopeurs, plus sidérés qu’agressifs…

– Tout ce que je demandais, c’est qu’on fasse une trêve et qu’on organise notre défense et notre réseau d’échange avec les plus proches habitants. Mais il y en a beaucoup que ça dérange ici

Marion se sentit visée. Effectivement elle était contre cette idée de s’associer avec des voleurs et des…

– et des violeurs…

Poursuivit Paul qui la regardait fixement comme s’il pouvait lire dans ses pensées comme dans un putain de panneau 4 par 3….

– Tu préférerais sûrement que les Feydiakin fasse la justice…

-LÂCHE MOI PAUL, NE ME PARLE PAS DE JUSTICE

Un bruit de verre retentit.

Erwan saisit les quelques fractions dont il disposait avant que les échanges repartent de plus belle

– Paul il va falloir faire le jour sur cette affaire, et le faire rapidement, donc nous allons constituer une équipe pour enquêter, mais tu ne pourras pas en faire partie, car il est possible que tout cela fasse parti d’un de tes plans à tiroirs

– Ok pour la commission enquête mais tu ne peux pas en être non plus, Erwan

Erwan marqua le coup, personne ne vit que sa main tremblait anormalement…Personne sauf…Non… vraiment personne

 – Et pourquoi je te prie (petit con)

– Parce que tout le monde sait ce que tu faisais avant d’atterrir ici

– Qu’est-ce que je faisais avant d’avoir la chance de te croiser sur ma route, petit con

Tiens cette fois, il l’avait dit…

– Des patates …des pleines cagettes de patates !

—-

Erwan maxillaire crispée eu un léger flottement.

« HA! HA!HA! » avant d’éclater d’un rire tonitruant figeant l’auditoire.

« C’est pour ça que je n’arrive pas complètement à t’détester Paul ! » enchaina t’il devant l’assemblée incrédule.

« Cet humour ; toujours dans les situations critiques. Oh, Paul. » conclut -il en s’essuyant le coin de l’œil.

Même si le tennis faisait partie des souvenirs les moins vivaces,

Les Hopeurs regardèrent alors les 2 protagonistes, passant de l’un à l’autre comme si un échange de fond de cours allait démarrer.

« Quel humour ?!» Demanda Paul les yeux fixés sur Erwan à quelques mètres. « Qu’est-ce que tu racontes ?! On a un putain de problème avec les Bagaudes là ! J’ai un gyrophare qui vient de s’allumer sur la tête, je suis tricard sur les territoires et toi, vieux Con-nard ! » appuya-t-il  « tu penses que je fais un sketch ?.. Putain !! » lança t’il en tournant la tête vers le corps sans vie à sa gauche.

« Tu vois , si elle crève aussi, c’est pas des blagues ou des patates qui sauveront notre cul ! » ajouta-t-il en montrant Emma la seconde Bagaude assise en sueur, Sonia à ses côtés.

Paul n’avait pas changé, sanguin comme toujours. Ses origines espagnoles sans doute.

« Et quoi ?! C’est moi qui a fait le coup, c’est ça ?! Tu crois qu’elles parlaient de moi à table là-bas, tout à l’heure ?!

Ho ?! C’est quoi les cagettes de patates, HEIN ?!!» reprit Erwann, l’air mauvais.

« Je. »

« Non, ferme là !! fermez là TOUS !! » hurla-t-il à Kevin qui tentait une percée.

« Vous croyez QUOI ?!!

Elles m’auraient volé ?!

Elles n’auraient même plus de têtes en rentrant dans cette pièce OK !! » conclut ‘il en secouant un madrier qu’il venait de saisir.

« Le match poids lourd tient toute ses promesses, on dirait. » pensa léger Malone à côté de l’épaule de Phil.

« Ça SUFFIT !! » cria la mère Angèle à l’attention de tous, « Et vous deux, remballez vos paquets !! »

Cette puissance Féminine encore chargée de phéromones eut un effet sidérant sur les 2 « boxeurs ».

Ils baissèrent le regard comme des chiens dominés, penaud et nerveux.

Erwan renchérit malgré tout « D’accord, c’est bon, mais qu’il arrête de me chercher celui-là. »

Soulevant légèrement le madrier en direction de Paul.

C’est à ce moment précis qu’Emma se mit à vomir elle aussi.

—-

Sonia couru vers elle,  » Merde, elle nous fait une crise ! Angèle, Vite, elle perd l’équilibre »

Mère Angèle arriva par derrière et soutint la bagaude au moment où celle-ci s’effondrait.  » Regarde son visage, il a enflé. »

Paul se pencha en avant et ne put retenir un sonore « Oh putain, on dirait un poisson lune, vous vous rappelez ces poissons ronds comme des ballons ? « 

Erwan  » Et écouter donc sa respiration, on dirait le rapide de 11 h »

Kevin « c’est quoi ces références à la con, personne ne te comprend mec, tu en es conscient quand même ? »

Erwan haussa les épaules  » Écoute p’tit con, j’te parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas comprendre. »

Pendant que Mère Angèle installait délicatement Emma sur le côté, Sonia ouvrit sa bouche pour l’aider à respirer  » Merde, sa gorge a enflé, ainsi que ces lèvres et sa langue »

Sonia « Pose lui une question, n’importe laquelle »

Mère Angèle « Emma, d’où viens-tu ? »

Sonia, pour elle-même  » Pas terrible comme question »

Emma articula péniblement  » J’aime bien les bonbons à la menthe, parce que les fleurs c’est périssable »

Erwan penché en avant, les mains sur les genoux dit d’une voix forte  » Elle est con ou elle part complètement en vrille ? »

Mère Angèle « Sais pas, je crois qu’elle nous fait surtout une réaction allergique »

Sonia « P’être même une méga crise, elle a tous les symptômes d’anaphylaxie, et c’est vraiment pas bon. »

Mère Angèle « Si ça pouvait servir de leçon à ceux qui ne peuvent s’empêcher de se mettre la tête à l’envers pour un oui, pour un non ! »

Kader « Difficile. Il y avait des tas de trucs dans ce vitriol. Il était très fin. Je me rappelle même que nous ajoutions des fonds de cuve qui traînaient avec plein de produits différends. »

Mère Angèle  » N’aggrave pas ton cas en nous disant qu’il est impossible de savoir ce qui a déclenché cet Armageddon »

Kader « Ok OK, je me rends » et il sortit discrètement de la pièce.

Paul pour tout le monde » Pour l’Armageddon, attendez un peu et on va pouvoir y goûter »

Erwan  » Il va juste falloir que leurs compagnons se rendent compte de leur disparition, et là, ça va être notre fête à tous »

Phil « Pourquoi devraient-ils être au courant, on peut essayer de biaiser ? »

Mère Angèle  » Arrête de vouloir biaiser à tout va, et retrouve moi Kader, je dois savoir où il a mis son Ma Huang, ça peut la sauver. »

Phil, Kevin et Paul partirent en courant. Enfin aussi vite que leur état éthylique leur permit. En tête, Kevin dérapa et glissa lors du premier virage, Pour l’éviter, Phil et Paul n’eurent pas d’autre choix que de se diriger vers des directions opposées.

Emma devint livide, ses yeux se révulsèrent. Sonia se mit à la gifler à la volée. Une fois, deux fois.

Erwan  » Si en plus de les tuer, nous leur décollons la tête, ça va jaser dans leur campement. »

La bagaude pris une longue inspiration en fermant les yeux. Une douleur la cloua au sol. Elle se tordit en deux en poussant un grand cri.

Kader arriva et fini par glisser sur ses genoux, une fiole rosâtre dans la main. Arrivé à portée, Mère Angèle lui pris la fiole des mains, la déboucha avec les dents, cracha le bouchon au loin, en but une lampée, fit la grimace avant de verser tout le contenu de la fiole dans la bouche d’Emma maintenue ouverte par Sonia.

Phil, Paul, Kevin, Erwan les regardaient en secouant la tête, l’air ébahit. Erwan lâcha un « Beau travail d’équipe ma fois ! »

—-

La Bagaude mal en point goba la mixture comme une assoiffée.

Sur son front perlaient des gouttelettes de sueur qui coulaient lentement sur les mains de la mère Angèle qui lui tenait toujours la tête.

Lorsqu’il ne resta plus une goutte du précieux breuvage, elle se recroquevilla en respirant bruyamment, comme si elle cherchait l’air.

En quelques instants les contractions de son corps et la crispation de son visage disparurent, et elle allongea enfin les jambes en fixant le plafond.

Tout le monde avait les yeux braqués sur elle, personne n’osait montrer de signe de soulagement tant que la certitude de sa guérison n’était pas acquise.

Shayna s’assit à même le sol, épongeant le front de la malheureuse avec sa propre manche. Sonia pris place auprès d’elles, tenant la main de la Bagaude comme une mère veillant son enfant malade.

Pendant qu’Emma se remettait doucement, Erwan fit un signe de tête aux autres et ils s’écartèrent en groupe pour discuter à l’abri des oreilles indiscrètes.

-On doit devancer la réaction d’Emma quand elle découvrira la mort de sa copine Cécile. Si on n’anticipe pas ce qu’elle va dire à son groupe, ils vont nous tomber dessus sans qu’on ait le temps de se protéger, dit le vieux.

-Tu crois vraiment qu’on peut se pointer chez eux en leur disant « salut les gars, on vient faire la paix, par contre sans faire exprès on a tué une des vôtres, c’est pas grave hein ! » singea Malonne en faisant des grands signes avec les bras.

-On n’a tué personne, chuchota ERWAN le plus fort qu’il put. C’ETAIT UN ACCIDENT !! Une allergie alimentaire ! C’est bien compris ?

Kevin lança un regard incrédule à Paul qui faisait visiblement des efforts pour maîtriser sa colère. Il savait que ce vieil Erwan et sa sagesse d’un autre temps l’agaçait au plus haut point.

-Il faut que l’un de nous soit notre émissaire pour aller leur annoncer la nouvelle. Une seule personne. On ne peut pas risquer d’en perdre deux.

-Tu te rends compte que tu envoies l’un de nous au casse-pipe, lança Paul sans le regarder. Les Bagaudes sont complètement tarés, ils tuent sans chercher à comprendre ! Celui qui ira là-bas se fera dégommer avant même d’avoir pu expliquer quoi que ce soit !

-Je peux y aller, proposa Kader. Je connais un peu ces types, ils savent que je bouge dans les territoires, ils ne seront pas surpris. Je peux même essayer de troquer un truc ou deux.

-C’est plutôt à Paul d’y aller, coupa Kévin. Après tout, c’est lui qui les a amenées ici, ces Bagaudes. D’ailleurs elles étaient 3 avant le banquet. Où elle est la troisième hein !? Tu peux peut-être nous le dire Polo !? A moins que ce ne soit encore un de tes plans perso foireux !

Paul se jeta sur lui pour l’étrangler, mais Kader et Phil le retinrent sans trop de difficultés.

-Les gars, ce n’est pas le moment de se battre entre nous ! râla Phil. Gardez vos forces pour ce qui nous attend ! Paul, au lieu de vouloir étriper Kevin, réponds plutôt à sa question : où est la 3ème Bagaude ?

Paul posa un regard irrité sur chacun d’eux, puis il se détendit en soupirant bruyamment tout en s’appuyant au mur.

-Elle était là en éclaireuse, pour vérifier que vous leur feriez un bon accueil, ensuite elle est repartie prévenir son groupe que tout allait bien.

-Tu complotes décidément beaucoup trop avec ces connards ! Ça me semble normal que ce soit toi qui ailles au turbin, insista Kévin.

Il ne reconnaissait plus son ami qu’il admirait tant peu de temps auparavant. Il s’était tellement morfondu lors de sa disparition, imaginant sa mort dans les pires conditions, qu’il avait vécu comme une trahison son retour au Rocher accroché au bras des trois pillardes avec cet air supérieur qui ne le quittait plus.

-Très bien, je vais y aller, concéda Paul. Après tout vous avez raison, c’est moi qui nous ai foutu dans cette merde, c’est à moi de nous en sortir.

« C’est moi qui vais y aller », fit une voix derrière eux.

Tout le monde se retourna pour savoir qui avait parlé.

Ils découvrirent Emma la Bagaude, assise entre Sonia et Shayna. Elle les fixait avec un regard déterminé.

« Je viens d’apprendre ce qu’il s’est passé pour Cécile. Les filles viennent de me le dire ».

Un vent de panique et d’incompréhension flotta un instant dans les airs.

« Parfois, dire simplement la vérité, c’est beaucoup plus simple » ajouta-t-elle.

Sonia lui rangea une mèche de cheveux derrière l’oreille, comme à une petite fille.

Pendant que le petit groupe complotait et envisageait un scénario alambiqué, Shayna et elle avaient fait le choix d’avouer immédiatement le décès de Cécile à Emma. Sans fioriture. En douceur.

Elle n’avait pas pleuré, s’était juste mordu la lèvre en fermant les yeux. Elle n’avait pas hurlé, ne s’était pas jetée sur elles, n’avait pas arraché leurs vêtements sous la colère.

Elle avait apprécié la main de Sonia serrant la sienne, les caresses de la Mère Angèle sur son front fiévreux, leur énergie à vouloir la sauver.

Jamais elle n’avait connu ça.

De sa jeune vie elle n’avait jamais eu personne qui prenne soin d’elle.

« Cécile était fragile ces derniers temps. Je savais qu’elle ne passerait pas la prochaine tempête. Elle ne mangeait plus rien depuis des jours. L’estomac vide. Complètement vide. Même les vivres que Paul a échangé contre la dynamite elle n’y a pas touché. C’était une battante, mais elle ne pouvait plus rien avaler. Trop bouffé de rat, de souris et de plantes qu’on ne connaît pas, nous. J’vous assure, une fille bien. Elle et moi on n’a pas eu de chance. Et puis on n’a pas appris. On sait rien. On a suivi les autres parce que personne ne voulait de nous, vu qu’on savait rien faire d’autre que se battre.

Ici, c’est cool. Vous êtes soudés. Vous avez à manger. Même à boire. Vous avez des endroits sûrs où dormir.

C’est pour ça qu’on a accepté de deal de Paul. »

Tous la regardaient médusés.

Elle ajouta à l’attention particulière de Paul :

« Y’a pas que des tarés chez les Bagaudes, y’a aussi des gens qui veulent coopérer ».